~P'tite réserve d'histoire~
Par Pattoune :
Les Enfants des Étoiles.
★
“Pourquoi a-t-il fallu que les choses prennent cette tournure ? Ma vie est un véritable enfer. Bon, je dis pas que celles des autres soient un paradis. C'est vrai que je suis pas du genre à me plaindre. Mais là, quand je dis enfer c'est... bah enfer quoi. Pour moi. Comment ? Je vous explique.”
Prologue.
C'était il y a quelques années. Voyez comment ça s'est passé.
Ma mère, ma sœur et moi, nous allions acheter des chaussures. Normal, quoi.
J'avais 10 ans et des poussières, je précise. Donc. J'étais assise à côté de ma mère qui conduisait. Derrière moi, ma sœur chantonnait en jouant avec un petit poney en plastique mauve. La radio à bas volume enchaînait de vielles chansons dont ma mère suivait parfois le rythme en tapant sur sa cuisse, dans les bouchons. Elle et moi, nous parlions de mon père, parti en Inde pour son travail.
« Quand est-ce que Papa va revenir ?
- Demain, normalement.
- Quo... ? »
Ma phrase est interrompue par le cri de ma petite sœur.
« Hé ? » je demande en me retournant.
Penchée en avant du mieux qu'elle puisse malgré la ceinture de sécurité, elle essaie vainement de rattrapé son jouet qui lui à échappé. Je soupire et tâtonne derrière mon siège pour le lui rendre.
« Qu'est-ce qu'elle a, Sophy ? me demande ma mère, concentrée sur la route.
- Rien, fuite de poney », je répond en me rasseillant correctement.
Enfin. La normale quoi. J'l'aimais bien, cette vie là.
Mais.
Voilà qu'on arrive à une route déserte. Mais vraiment, déserte. Je m'en souviens très bien, malgré les nombreuses, et lonues années qui m'en séparent. La route était droite et en forme de croix. Donc, des deux côtés, des routes rejoignaient la notre. À droite, un camion arrive. La priorité est à nous.
On passe.
Il ne ralentit pas.
Il se rapproche.
Crissements de pneux. Ma mère crie, elle klaxonne. Ma sœur hurle, je crois que moi aussi. Je tends les mains en avant, plaquées contre la fenêtre. Je ferme les yeux.
Ténèbres.
★ Prologue. ★ partie 2.
J'ouvris les yeux et les renfermais aussitôt.
Tout autour de moi n'était qu'un univers de blanc éblouissant plat et vide. J'étais seule, je n'entendais pas un bruit.
J'avais mal a la tête et je me sentais faible, épuisée. Mes mains étaient moites, pour ne pas dire détrempées. Je sentais de nombreux nœuds dans mes cheveux, enfin bref, on aurait dit que je revenais de guerre. Si quelqu'un m'avait regardée.
Mes yeux habituée à cette pâleur éclatante qui m'entourait, je tentais de me résumer la situation.
Le camion... Ma mère, ma sœur !
Ne voyant personne a des kilomètres à la ronde, j'ai commencé à crier.
« Ary ? Ary !! Ary, Maman ! » tendis que je m'époumonnais, je sentis des larmes qui commençaient à couler le long de mes joues. En peu de temps, j'avais le visage trempé.
« Mademoiselle ? Calmez-vous, Mademoiselle ! Tout va bien ? »
Je réalisai que j'étais cette "Mademoiselle". Non, tout n'allait pas bien, rien n'allait en fait, où était ma sœur bon sang ?
Je retins un autre cri et ravalai les larmes qui me brouillaient la vue. Une femme était penchée au-dessus de moi, des cheveux noirs impeccables encadraient son visage parfait affichant un air inquiet mais qui se voulait rassurant. Je me remis à pleurer, me mordant la lèvre pour ne pas crier le nom d'Arianne et lui déchirer, par la même occasion, les tympans.
À travers mes larmes, je pu voir la femme tendre le bras et appuyer sur un bouton invisible de ma position.
Bzzz. Je sentis que je me redressais, bien que je n'esquissait aucun geste. Je compris vite que je me trouvais dans un lit. Désormais en position assise, je détaillai la femme du regard. Elle me paraissait jeune, elle portait une tenue comme qui dirait d'infirmière, ornée de la croix de l'Hôpital.
« Ne bougez pas, je reviens, fit-elle. »
Je la regardai sortir par la porte, ses talons claquant sur le carrelage avec un bruit insupportable et résonnant.
Elle était marrante, elle, à pe recommander de ne pas bouger... rien que de serrer les dents m'était presque impossible.
Je mis à profit l'absence de l'infirmière pour observer la pièce dans laquelle je me trouvais. La chambre d'hôpital, si j'avaient bien compris. Le mur de gauche était presque entièrement recouvert de ces larges fenêtres qui faisaient entrer des trombes de lumière. Des,rideaux blancs et épais les encardaient.
Sur le mur de droite et celui en face de moi, il n'y avait qu'une porte sur chaqu'un, l'une étant celle par laquelle l'infirmière était sortie, et qui, à ce que j'ai pu voir, donnait sur un couloir. Quant au mur derrière moi, on y trouvait une troisième porte. Contre ce même mur étaient appuyés le lit et un petit chevet de bois peint blanc.
Au centre de la pièce se trouvaient une petite table, très basse, et un fauteuil. Sur la table, il y avait une petite pile de journeaux, et à côté de mon lit, une chaise. Bien sur, le tout enfermé dans du blanc, du blanc, du blanc. Même dehors, le ciel nuageux était nacré.
Perdue dans mes pensées, je ne réalisai pas que l'infirmière était de retour et je sursautai violemment lorsque ses,talons claquèrent sur le sol près du lit. Je tournais la tête vers elle.
Elle n'était pas revenue seule, avec elle un homme. Ce dernier était assez petit et pas bien maigre, mais bon, pas trapu non plus. Il était chauve, son crâne nu et lisse brillait de la lumière — blanche — qui entrait par les grandes fenêtres. Il portait une blouse blanche à laquelle un badge était fixé, mais je ne fis pas l'effort d'en lire l'inscription.
L'infirmière posa un plateau sur le chevet et sortit avec un "clac clac" régulier et toujours aussi irritant. L'homme tira la chaise et s'y assit.
Après m'avoir fixée de longue minutes, ce qui me frustrait énormément, il se décida enfin à parler.
« Comment te sens tu ?
- Où sont ma sœur et ma mère ? » répondis-je dans la seconde.
Il soupira et me jeta un regard las, ou peut-être désolé, je n'en savais rien à vrai dire.
Il se leva, prit un journal sur la table et me le tendit.
Quoi, il voulait vérifier si mob cerveau marchait bien ? Je pris la nouvelle en le foudroyant du regard.
La photo d'un homme faisait la Une. On aurait dit un psychopathe, pour un peu, je suis sûre que si j'avais été en face de lui, il m'aurait mordue. Sans -prendre la peine de lire le titre, je m'attaquais au sujet qui avait l'air d'un passionnant...
“
Hier, cet homme, chauffeur d'un camion, provoque un accident fatal sur la D16. " J'étais pressé, dit-il, je n'avais pas vu cette voiture. " bla bla bla...
la voiture n'a même pas pu être retrouvée... bla bla bla...
la seule survivante... bla bla bla...
cas très mystérieux pour l... ”
Euh, attends. La seule survivante... C'est moi ?
★ Chapitre 1. ★
Je remonte la rue, face au soleil de l'après midi, les mains dans les poches. Seule. Comme toujours.
Bon, on va dire que je ne fais pas trop d'efforts non plus.
Par exemple, j'ai la manie de ne pas retenir ce qui ne me plaît pas. Et, bizarrement, je ne connais le nom d'aucun de mes cheeers camarades de classe. Quand j'étais petite, déjà...
Et mince. Encore raté.
Ça fait bientôt 4 ans que je suis séparée de ma famille. Que je vis dans cette horrible maison, avec cette horrible famille d'accueil. Une gamine égoïste, d'à peu près l'âge de ma sœur. Enfin, l'âge qu'elle devrait avoir. Elle se prend pour la reine du monde, ou le nombril de la Terre, au choix, et croit tout savoir sur tout alors qu'elle répète à tout bout-de-champs que je suis sa "grande sœur".
La mère est collante, je pense qu'elle fait des efforts, mais elle ne comprend rien. J'espère d'ailleurs qu'elle va bientôt renoncer a essayer de comprendre, comme ça fait deux ans qu'elle a renoncé à me convaincre de l'appeler "Maman".
Quand au père, je peux pas le voir. Ni n'importe quel père d'ailleurs. À cause du mien. Ah, mon père...
Rien que d'y penser, ça me bile.
En fait, dès qu'il a apprit la mort de ma sœur et celle de ma mère, il s'est... suicidé. D'accord. Merci. J'ai compris. J'ai pleuré, beaucoup. Mais maintenant, si il y en a un qui devrait pleurer, c'est lui.
De colère, je met un coup de pied dans une canette de Soda vide qui traîne sur le trottoir. De l'autre côté de la rue, un petit vieux maigrichon me regarde, sans me quitter des yeux. Je lui lance un regard "Quoi, tu veux ma photo ?" et reprend ma marche d'un pas rapide sans me retourner.
Un laps de temps plus tard, je suis devant l'hôpital. Je pousse la porte avec un soupir soulagé.
« Bonjour, Holly, dis-je en rangeant mon sac dans un casier.
- Bonjour, Sophianne ! » me répond la femme derrière son Comptoir.
J'aime bien Holly, elle est toujours souriante et son ton est jovial. Enfin bon, c'est son métier.
Je m'accoude au comptoir avec un sourire pendant qu'elle pianote sur son clavier avec des gestes rapides, faisant cliqueter ses innombrables bagues et bracelets.
« Toujours la même chose, hein ? me demande-elle en secourant son épaisse crinière rousse.
- Oui, répondis-je. »
Elle a l'habitude de me voir venir pour mes examens réguliers.
Apparemment, je suis "fragile". Mouais... Je pense plutôt qu'ils veulent vérifier si je ne suis pas folle, ou dépressive au point d'être prête à me jeter sous un train.
Le médecin Brown est gentil, et Isabelle, l'infirmière, aussi, mais un peu... "collants", eux aussi, je trouve.
Mais bon, le personnel de l'hôpital sont les seuls gens que je puisse supporter, alors je ne vais pas me plaindre.
« Tu peux aller en salle d'attente, il est encore occupé avec un patient, me dit Holly en raccrochant un combiné. »
J'opine et vais m'asseoir dans ladite salle.
★ CHAPITRE 1. ★ SUITE.
J'obéi et me rendis dans ladite salle. Déserte.
En fait, cet Hôpital n'est pas très fréquenté. Non pas qu'il ne soit pas d'un bon niveau, mais il est assez petit, et de plus, la ville n'est pas très grande est assez reculée. Aussi, presque que des habitants de cette ville y viennent.
De plus, une grande ville avec un Hôpital immense, et bondé de monde, se trouve non loin. Mais ici, au moins, c'est calme et de toute façon tout le personnel gagne un bon salaire. C'est le principal, non ?
De toute façon, on a pas de clinique, alors tout le monde vient ici à la place. C'est un hopital-clinique, en gros.
Perdue dans mes pensées et dans la contemplation du panorama sur la ville qu'offrait la baie vitrée, j'entend à peine le bruit de béquilles sur le carrelage et des voix se saluant.
Le médecin me tire de mes pensées :
« C'est ton tour, Sophianne.
- Ah, oui. Bonjour, M. Brown, » répondis-je en sortant de ma transe.
Je suis le médecin dans les couloirs et monte à l'étage, jusque dans son cabinet. Je m'asseois sur le lit, et il le demande d'attendre deux minutes.
J'accièce, et me penche pour prendre un livre sur la petite table. C'est un manga, dans lequel on parle de l'histoire d'une fille qui se fait jeter d'une fenêtre par une femme, jalouse que son adverse soit aimée, et voulant être la seule à bénéficier de ce privilège. Glauque, leur histoire, quand même.
Mais ensuite, la fille va à l'hôpital, sauf qu'elle n'arrête pas de s'en enfuir par la vitre et donc sa pension est toujours prolongée.
Je jette un regard à la fenêtre. Quelle idée de mettre un livre pareil dans une chambre d'hôpital aussi.
Le Dc. Brown revient à ce moment là, et il m'examine une énième fois. Après avoir constaté que je n'étais toujours pas une dangereuse psychopathe ni une déprimée suicidaire, il me relâche. Je le remercie, puis redescend. Je récupère mon sac dans le casier et sors en saluant Holly.
Je redescend la rue sans me presser. Le soleil est sur le point de se coucher, ses rayons passant au ras des montagnes aux pics gigantesques. Mon ombre s'allonge devant moi, longue d'au moins deux mètres.
Soudain, je ressens un coup violent alors qu'un caillou me frappe le haut de la nuque.
J'allais me retourner, mais j'entend un appel venant de la provenance du projectile.
« Hé Sorcière ! »
Je continue mon chemin. Encore ces bouffons.
Je reçois d'autres cailloux.
« Hé, Sorcière !!
- T'es sourde ou quoi, La Bizarre ? »
Des rires retentissent.
« Foutez-moi la paix, » je répond sans me retourner, tout en avançant.
Une pluie de gravillons m'atteint dans le dos.
« Sorcière ! On t'appelle, tu pourrais nous regarder !!
- Laisse là, elle est bouchée. C'te fille, elle est pas toute seule dans sa tête, lâche un des garçons avec un rire moqueur.
- Ouais. »
L'auteur de ce dernier propos court pour se rapprocher de moi et me balance une pierre dans le dos.
" Pas toute seule dans sa tête "... C'est bon, là.
Je me retourne d'un coup sec, juste au nez du type.
« JE VOUS AI DIT DE ME FOUTRE LA PAIX ! VOUS AVEZ UN.PROBLÈME OU QUOI ? »
Ça, c'est fait, toute la ville est au courant. Bravo moi.
Un sourire narquois se peint sur le visage du garçon en face de moi. Non mais ça va là. Je lui met le pain de sa vie. Nan mais je vous jure, celui-là il sera mort qu'il s'en souviendra encore.
Le choc l'envoie bouler sur le goudron, je vois des larmes dans ses yeux et il porte la main à sa joue qui gonfle tandis qu'un bleu se forme sous son œil.
Les deux autres me regardent avec des yeux de merlan frit.
« QUOI ? je demande. VOUS VOULEZ QUE JE VOUS TUE ? »
L'un d'eux secoue la tête, au bord de l'arrêt Cardiaque. L'autre attrape son pote, celui par terre, par le poignet et l'oblige à se relever. En vitesse. Les trois se barrent en courant.
Je sens que je vais avoir des problèmes. Mais ça m'est égal.
Je rentre au pas de course.
★ CHAPITRE 2. ★
Arrivée devant la maison dans laquelle je vis — mais qui ne sera JAMAIS "chez moi" —, j'enfonce ma clé dans la serrure, d'un main tremblante, si bien qu'il me faut m'y prendre à plusieurs reprises pour tourner le loquet. Je rentre et m'affale contre la porte en bois blanche, à la recherche de mon souffle.
Quand je parviens à calmer mon rythme cardiaque, je retire mes baskets et pose mon sac sur le petit banc ,dans l'entrée. Je verrouille la porte et me dirige vers l'escalier en bois au bout du couloir, mais je m'arrête au niveau du salon. J'entends des voix... Passant la tête par la porte, je constate que Nathalie est en pleine conversation avec un inconnu. Assise sur un coussin, devant la petite table, elle se tient en face de...
J'ouvre grand la porte pour voir qui est son interlocuteur. Pourtant, c'est pas mon genre de manifester de l'intérêt à quelque chose, encore moins d'être curieuse. Et je constate que cet inconnu n'est pas si inconnu que ça en fait.
En fait, — en fait — il s'agissait du vieillard que j'avais croisé tout à l'heure.
Il me devisage de ses yeux de rongeur. J'entends un grésillement dans l'air. Ou plutôt un
tiiiiiii aigu, vous savez, le genre de bruit désagréable que vous êtes le seul à entendre. Je fixe le vieux encore quelques minutes. Puis je lâche :
« Hum, bonsoir. »
Et je sors du salon.
Plaquée contre le mur du couloir, je porte mes doigts jusqu'à ma tempe et les y appuie jusqu'à ce que le bruit cesse. Flippant, ça.
Je file vers l'escalier, entendant à peine le « Sophy... » blablabla d'une des deux fille. Je monte l'escalier en vitesse et m'enferme dans la chambre, loin des autres, au mieux.
Je m'assoie sur mon lit et regarder l'heure tourner en tapant des pieds sur la tête de boit au rythme d'une cadence. Bam, bam. Bam.
Au bout d'une heure et demie, j'entend frapper à ma porte, qui s'ouvre sans attendre la réponse que je n'aurais pas donnée, de toute façon. Sans même me tourner vers Nathalie, je lâche :
« Je m'appelle pas Sophy.
- Ah... Oui... Excuse-moi, Sophy. Sophianne. »
Pff.
« C'est tout ? » je demande avec le ton de celle qui a autre chose à faire.
L'autre prend bien le temps de rentrer, de fermer la porte, de marcher àààà son rythme jusqu'au lit et de s'y asseoir. :
Parce que je l'y ai invitée, peut-être ?
Je la fusille du regard, et elle me devisage comme si je venais de perdre ma première dent.
« Non. »
Bah cool, écoute. Si je pouvais savoir la suite maintenant ça serait bien.
Elle prend une fois de plus son temps.
« L'homme que tu as vu tout à l'heure — et avec lequel tu aurais pu être plus polie, d'ailleurs —, est le directeur d'un pensionnat. Il pense que tu devrais aller dans son établissement, que tu y aurais une meilleure relation avec tes camarades et que ça serait plus facile pour toi. Qu'en penses-tu ? »
Youpi, encore un qui me prend pour une lourdingue. C'est toi qui l'a convoqué, hein ?
Qu'est-ce que j'en ai à battre de leur asile débile ? Mais d'un côté, n'importe quoi pour quitter cette baraque...
Je dois bien réfléchir un quart d'heure, avant de répondre. On voit bien que ça l'enchante de se débarrasser de moi. Et ben c'est réciproque.
« Ça marche. »
Et c'est parti pour un troisième départ.
Pacte.° CHAPITRE 1. °
Un bruissement se fait entendre...
Et c'est le début de la course.
Un lièvre appeuré sort des fourrés en courant. Aussitôt, la jeune fille le poursuit, son arme en main. Ses cheveux pourpres flottent derrière elle dans son galop.
Sans,quitter sa proie de vue, elle court, sans freiner, sautant par dessus les obstacle avec une agilité inhumaine. Elle accélère, se rapprochant de sa future prise avec une détermination indéstabilisable.
Et, bientôt, elle dépasse le lièvre et l'achève d'un coup de sabre bien placé.
Rangeant sa lame dans son fourreau, laissant le ruban vermeille noué au manche en proie au vent, elle rattrape sa prise. Et la fourre dans sa sacoche. Au même moment, une flèche se fiche dans le sol à ses pieds.
Elle relève la tête, à la recherche de sa provenance. Il est là. Perché sur une branche.
La main sur le manche de son sabre, elle attend qu'il prenne la parole, consciente qu'elle e trouvait sur son territoire.
« Kyâ, hein ? » fit-il avec un sourire narquois.
L'intéressée ne broncha pas.
« Alors, vous vous battez toujours à la lame, je vois ?
- L'arc est l'arme des traîtres, répond-t-elle.
- Nous, des traîtres ? » demande-t-il en couchant ses oreilles dorées sur sa chevelure blonde pâle.
Kyâ le devisage. Et puis son regard tombe sur sa queue qui se balance sous la branche. Ses yeux se plissent. Mais elle relève la tête, une empreinte de défi sur le visage.
« Mais c'est vous qui chassez sur notre territoire, insiste le jeune Neko. Comme ça, vous n'avez pas assez à faire du votre ?
- Mais c'est vous qui êtes incapables de défendre votre territoire, singea Kyâ. Comme ça, vous êtes bas à ce point ? »
L'autre la regarde, choqué de l'insulte.
Il bande son arc et tire. La jeune fille esquive la flèche d'un saut digne d'un chat et lance une insulte en sautant sur une autre branche, puis de l'autre côté du grillage marquant la frontière.
« Reviens ! crie le garçon en lançant une autre flèche, de l'autre côté du grillage cette fois-ci.
-Tu rêves. »
Kyâ se dirigea vers le bourg. Arrivée devant les boutiques, elle s'apprêtait à pousser une porte de bois miteux quand une plainte se fit entendre.
Un cri strident, aigü, déchirant, et... familier.
Et pour le début un peu court de l'autre. Manque d'inspiration léger. ^^'
★ CHAPITRE 2 ★ SUITE.
Je me rendais à la gare. À pieds. Traînant ma maigre valise derrière moi, j'avançais d'un pas rapide. Ce matin, j'avais rassemblé mes quelques affaires — mes vêtements, un album de photos et journal de naissance de ma sœur et moi. — et j'étais partie en vitesse de la maison, trop heureuse de m'en aller.
Le directeur avait laissé un papier donnant des indications. Le train numéro 12, dernier arrêt. Trop facile.
Serrant dans ma main le ticket de train que je m'étais procuré dès la veille au soir, pousse la porte de la gare. Le hall, bondé de bonne heure, plein de gens se bousculants, un brouhahas incessant émanant de la foule.
« Héla, tu avances oui ? lance une voix derrière moi. »
Oups.
Bon. Je prends une inspiration et je fonce, droit devant moi, évitant les gens de mon mieux. Quai 10. Quai 11. Quai 13.
Euh hein ?
Je soupire et reviens sur les pas. Quai 11.
Bon, c'est pas possible là, il est où ce maudit quai bon sang ?!
C'est là que j'aperçois une petite porte style cagibi. Des lettres écrites à la peinture noire forment les mots : Quai 12.
Ah. D'accord. Hum.
Je pousse la porte et le rend sur le quai. Le train est déjà là, arrêté, la porte fermée. Une trentaine de personnes seulement attend l'ouverture de la porte. Une espèce de soute est ouverte dans le troisième et dernier wagon. Et bah, c'est un petit train.
Je range la valise dans la "soute" et vais m'asseoir sur un banc devant un mur de briques rouges. Je regarde le ticket : départ à 10h. Il est 10h.
À peines ces pensées m'effleuraient-elles que les portes s'ouvrirent.
Je regarde tout le monde monter dans les wagons et franchis la porte en dernière.
Malgré la petitesse du train, je réussis à trouver LA place isolée et calme. Génial.
Je m'installe près de la fenêtre et regarde les paysages filer.
★★★
Peu à peu, je constate que le train se vide totalement. Lorsque le chauffeur annonce par haut parleur que le prochain arrêt est le dernier, je suis seule dans le train. Il est également annoncé que je dois aller chercher ma valise et la garder en main. Perplexe, je m'exécute, puis retourne rapidement m'asseoir avant que le train ne redémarre.
Cela faisait cinq minutes que nous filions sur les rails quand j'entendis ce bruit, là.
Tiii. Et quelques secondes après, je vois une vague déferler. Avec un hoquet, je me cramponne à la valise en la relevant devant moi.
Machinalement, je Ferme les yeux et bloque ma respiration. Flash. Et, évidemment, tout redevient noir.
★ CHAPITRE 2 ★ Suite.
Si je n'me trompe.
Kof. Kof.
Je tousse pour cracher l'eau de mes poumons, pliée en deux. Après quoi, me frottant les yeux de ma manche, je me redresse.
En quelque secondes, je suis complétement sèche. Je me trouve devant une grande arche aux formes souples et harmoniques. Une pancarte est accrochée à son sommet : Star's School.
L'École des Étoiles. C'était donc ma destination ? Je regarde autour de moi. Aucune trace du train. En revanche, ma valise se trouve à côté de moi. Je l'empoigne et pénètre le domaine de l'École.
Je marche le long d'une grande allée pavée bordée par des jardins. Dans l'un d'eux se trouve une fille. Elle doit avoir à peu près mon âge. Sa peau est pâle, de même que ses cheveux d'un blond nacré presque blanc et démesurément longs. Elle porte une robe longue et blanche brodée de rouge saphir. Sa main tendue accueille un papillon.
Lorsque je passe à proximité, elle lève la tête et me souris. D'instinct, je baisse les yeux. Qu'est-ce qui me prend de faire ça ? Je me retourne, elle me devisage. Mince. J'arrive devant la porte d'une marche rapide. En bois, immense, comme toute la bâtisse d'ailleurs, qui ressemble à un château. Je me demande pourquoi personne n'en a jamais mentionné l'existence auparavant. Je pousse la porte et me retrouve dans un long couloir.
À droite et à gauche, des pièces sans porte. En face, un escalier. Il faut que je retrouve le vieux.
J'avance dans le couloir, regardant dans les salles. Un réfectoire, une salle de réunion, une salle commune, une réserve... Aucun bureau ou même classe. Bizarre, comme école.
Arrivée au bout du couloir, je gravis l'escalier de marbre.
Encore un couloir. Mais cette fois, des portes. Et sur celles-ci, des écriteau. Secrétaire. Gestion. Bibliothèque. Directeur. Ah, enfin.
Par la porte entrouverte, je voir le directeur, en pleine discussion avec deux élèves, une fille et un garçon. Je m'adosse contre le mur, attendant le départ de ces derniers. En face de moi, l'écriteau indique "Salle des Plumes."
Des plumes ? C'est quoi cette École, bon sang ?
C'est là que je le... l'entend. Tiii. Encore.
Machinalement, j'appuie mes doigts sur mes tempes et ferme les yeux jusqu'à ce que le bruit disparaisse. "Arrête, arrête, arrête. " Seul ce mot se répercute dans ma tête, bloquant toutes les autres pensées. Le son cesse.
Je relève la tête. Au même moment, les deux élèves sortent. En pleine discussion, ils ne me voient pas. En revanche, j'entend un " Entre. " venant du bureau. Prise de court, j'obéis. La pièce est petite, encadrée d'étagères vomissant des documents, seuls meubles mis a part le bureau et deux chaises, une pour le directeur et une pour le visiteur.
« Bonjour, Sophianne, dit-il sans m'inviter à m'asseoir. Nous sommes heureux de t'accueillir ici. »
Bah cool, écoute.
" Mais c'est quoi, ici ? Un asile ? " ai-je envie de lui balancer. Mais non. Je me tais.
Je m'attends à ce qu'il se lance dans tout un discours sur l'établissement, les règles, le fonctionnement, et cœtera, mais il se contente d'un :
« Ta chambre est la première sur la gauche, en face de toi, en haut de l'escalier de bois. Et voici ton livre. »
Je prends ledit livre. Un ouvrage à la couverture de cuir, le titre écrit en vert émeraude brillant. Un ruban du même vert en dépassait et un second le maintenait fermé.
« Tu peux sortir, » fait le directeur, me sortant de mes pensées.
J'opine, et, traînant ma valise d'une main et portant l'épais livre de l'autre, je me dirige vers le fond du couloir, où se trouve l'escalier de bois, aperçu plus tôt.
★★★
La chambre est spacieuse. Un lit à niveaux se trouve en face de la porte, près d'un bureau — ce dernier recouvert de paperasses et autres objets non-identifiés —. Un second se trouvait calé contre la queue du lit. Plus à droite, il y avait une grande fenêtre avec vue sur les jardins et une salle de bain. Classe.
Je pose ma valise près du bureau propre et m'installe dans le lit du dessous, l'autre semblant occupé. J'attrape le livre et le délie, lisant le titre, perplexe.
" L'École des Étoiles.
Enseignement des pouvoirs astraux.
FORCE. "
Hein ? De quoi ?
« Hey hey hey !! »
Je sursaute, manquant de m'exploser la tête contre le lit au dessus de moi. Je me retourne. Une fille est penchée au dessus de moi, depuis son lit.
Ses cheveux mi-longs et — hum — verts se balancaient autour de son visage souriant, ses yeux couleur émeraude brillants d'enthousiasme.
« Hum. Tu es ? je demande.
- Laura, mais tout le monde m'appelle Lo. On partage la même chambre, c'est cool hein ? »
Sans me laisser le temps de répondre, elle enchaîne ses phrases à toute vitesse.
« Oh, tu as déjà ton livre ? Regarde le mien ! »
Elle disparaît quelques secondes de mon champs de vision et réapparaît en tendant un livre, identique au mien, mis a part le texte couleur turquoise et le gros titre :
" MÉTAMORPHOSE. "
A peine ai-je eu le temps de lire qu'elle retirer l'ouvrage.
« Oui, moi mon pouvoir c'est la métamorphose. Et toi, c'est la force, hein ? demande-t-elle en regardant mon livre. Ah ! Mais viens, il faut que je te présente aux autres de l'étage ! »
Elle saute de son lit et m'attrape la main, avant de le tirer hors de la chambre. Je n'ai pas le temps d'en placer une.
« Tu sais, ici, on est un peu tous potes entre nous. Mais tu verras, les autres sont sympas aussi ! »
Ouais. Plus qu'a espérer que ça ne soit pas des exités du bocal, eux aussi.
★ CHAPITRE 3 ★
Il y en a deux autres.
Une fille. Enfin, non. La fille. Celle que j'avais vue dans les jardins.
Elle est belle, ses cheveux démesurément longs touchent le sol lorsqu'elle est assise. Leur couleur est blonde, presque blanche, et sa peau blanche comme la craie. Ses lèvres sont d'un joli rose pâle et naturel. Et ses yeux, plus magnifiques Que tout : d'un sublime ambré brillant, un regard plein de vie. Elle portait une tenue différente ; un haut léger etblanc, bordé de rouge. Une jupe assortie lui descendait jusqu'aux genoux. Elle a aussi un collier, un ruban épais et rouge portant une grosse pierre couleur rubis. Elle me sourit. Je crois que je fais de même... je ne suis pas sure.
Laura déclare :
« Elle, c'est Cerise. Mais entre nous, on l'appelle Sun. »
Pourquoi Sun, ne me demandez pas.
« Elle est Luminériste.
- C'est-à-dire ? »
Ah. Non. J'ai pas pu m'empêcher de poser la question. Je me mord la lèvre de regret tandis que Laura me sourit.
« Héhé. Tu vois, elle contrôle la lumière et la vie.
- En quelques sortes, répondit Cerise.
- Tu lui montres ? »
La jeune fille opina et ouvrit sa main vers moi, le bras tendu. Au creux de sa paume apparut un disque blanc lumineux incrusté de symbole, tournant lentement sur lui-même. Puis, il rétrécit et, à sa place, un papillon aux ailes blanches de lumière qui s'envola dans la pièce. Je le suivit du regard jusqu'à ce qu'il sorte par la fenêtre.
« C'est beau, hein ? demanda Laura. »
Sans me laisser le temps de répondre, elle enchaîna :
« Et lui, c'est Slice, renommé Ice. Il a des sens hyper aiguisés ! affirma-t-elle. »
Je regardai le garçon.
Il était assez grand en taille, et ses cheveux étaient un peu longs, et d'un noir de jais obscrur comme la nuit. Quand à ses yeux, ils étaient... rouges. Pas un rouge flippant ou qui flashe, mais rouge quand même. Et puis, il avait un regard perçant, déchirant, qui semblait me passer au travers comme si j'étais transparente. Sûrement une impression due à son... pouvoir.
Je commence à comprendre.
Je suis donc entourée d'une métamorphe, d'une espèce d'ange de lumière et d'un hypersensible. Et moi, alors, je suis qui ? C'est quoi, cette école de fous ? Je suis dans un rêve ou quoi ?
« Tu te poses des questions ? »
Je me tourne vers Cerise. Celle qui vient de parler. Oui, un peu, ouais. Sans me laisser le temps de répondre, Laura recommence à enchaîner des phrases à toute vitesse.
« Bah on.comprend, on y est tous passés ! Mais tu sais, on est pas que quatre hein ! On est plein ! Et, tu veux savoir comment on a su que t'existais ? Hé, attends, tu vas voir ! »
Elle courut au fond de la pièce et en ramena un écran. Un écran très bizarre, en fait.
D'à peu près 50 centimètres de longs, 20 de large, et... aucun d'épaisseur. Il semblait flotter dans l'air, c'était juste... étrange.
La jeune fille appuya sa main dessus et des reflets turquoises apparurent sous sa paume. Puis l'écran s'alluma et elle courut s'asseoir après avoir éteint la lumière.
Il y avait une fille, un peu plus jeune que nous. Elle était très jolie, ses cheveux étaient bleus et descendaient dans son dos. Ces yeux étaient couleur océan, mais ils étaient violés par la douleur qu'elle devait supporter, par sa souffrance, sa tristesse et sa haine. Elle était au centre d'un cercle de personnes, qui riaient. Ils riaient à en perdre la tête, alors que ce n'était même pas drôle. Ils se moquaient.
« ARRÊTEZ ! »
Ce fut le cri qu'elle poussa. Elle leur hurla d'arrêter, de se taire, de la laisser. Un "Oooouuuuh.... " passa sur leur lèvres et les rires reprirent de plus belle.
Elle s'effondra au milieu de ces imbéciles hurlant de rire, elle les haissait, vraiment. À genoux sur le sol, elle appuya ses mains sur ses tempes, les yeux grands ouverts, les traits tirés par l'effort. Le son disparut, on entendait battre son cœur, très vite. Une perle salée tomba sur le sol. Un brouillard noir, filant tels des serpents, emprisonna les gens regroupés autour d'elle. Ils se mirent à crier. Leurs cauchemars apparaissaient, réels, sous leurs yeux.